Overdose de comm

Publié le par Tv39

Johnny est nerveux. Le vol a une demie heure de retard, mais il ne sait pas que c'est régulier sur cette ligne. Du hublot il distingue tout au bout là bas "CDG2". L'heure locale est 8h35, la température au sol est de 17 degrés Celcius. Quelle idée aussi de quitter Medellin. En plein mois d'août. Si ce n'était ces 10 kilos de coke habilement déguisés en fraises Tagada dans son bagage en soute.

8 heures 43. Le débarquement se fait laborieux. y'a une vieille devant lui qui dégage péniblement son sac à main de la malle au dessus de son siège. Dans deux minutes elle se prend une mandale. Le sac cède. Apaisement.

De courte durée. Johnny a des balonnements. Sans doute dus aux 2 kilos de poudre dans des préservatifs qu'il a avalés dans les toilettes de l'aéroport Cordòva, je suis même pas sûr qu'il s'en soit bien sorti, au reste il ne se base que sur mon imagination. "Thank you for flying with us!" C'est ça, chica, on va attendre. Je serai plus au calme le ventre vide.

Alors qu'il arpente les interminables couloirs vitrés du terminal E, Johnny a soudain un très mauvais pressentiment. Il semble qu'une foule aussi compacte qu'agitée s'est massée à la sortie. Flashs d'appareils photo, éclats de voix, flics en faction, c'est plié. Johnny se sent comme le rongeur cuisinier du film d'animation que j'ai pas envie de voir même si on m'a dit que c'était bien : fait comme un rat. Goutte de sueur, plus d'autre choix. Une chance que les services de sécurité à Medellin puis à JFK furent tant laxistes.

"Bienvenue en France !" s'écrie Luc Chatel. Puis, s'adressant aux journalistes, "voyez vous, si l'on ne donne pas une bonne image de la France dès l'arrivée de ces touristes latino-améri..." Cris. Argh étouffé. Deux balles qui traversent une poitrine comme dans les films, arrosant au passage les gradés amassés là dans leur costard bleu électrique, ce qui compose avec leur paleur soudaine une magnifique création artistique post-moderne des couleurs de la République. Le secrétaire d'Etat à la consommation et au tourisme s'effondre dans la frayeur générale, sonnant le glas de ce qui devait être une chouette party avec brunch.

Johnny, maîtrisé, làche son arme dont il n'a plus l'utilité et rit bêtement de sa méprise.

Le reste est moins intéressant.

Publié dans Pétage de plombs

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